Le vent est sans aucun doute l'élément le plus important en voile, d'autant plus qu'on est incapable de le contrôler ! C'est en quelque sorte l'énergie qui fait avancer notre bateau, tout comme l'essence pour les voitures.
Il est très important de savoir le quantifier : par exemple pour pouvoir communiquer avec d'autres pratiquants, ou encore tout simplement pour comprendre des prévisions météorologiques ! On utilise deux grandeurs principales pour caractériser le vent : sa vitesse et sa direction. Avec ces deux informations, on est donc capable de reconstituer des conditions météorologiques et d'imaginer comment s'est passé ou se passera une sortie sur l'eau.
Généralement, dans la vie de tous les jours, les vitesses sont exprimées en km/h : il est interdit de rouler à plus de 130 km/h sur l'autoroute... La vitesse du vent peut elle aussi être exprimée dans cette unité de mesure, mais les marins (et aussi les aviateurs) préfèrent parler en « nœuds ».
Pour la petite histoire, cette unité de mesure vient de la corde qui était utilisée autrefois pour mesurer la vitesse des bateaux, et qui comportait des nœuds régulièrement espacés. On lâchait une extrémité de la corde à l'arrière du bateau et on comptait le nombre de nœuds qui filaient dans l'eau durant un intervalle de temps précis. On obtenait ainsi la vitesse du bateau, en nœuds !
1 nœud = 1,852 km/h = 1 mille marin par heure
On utilise généralement l'abréviation nd pour indiquer une vitesse en nœuds, mais on trouve aussi des abréviations dérivant de l'anglais (knot) : kt, kts (pluriel), ou kn.
On utilise un appareil qui s'appelle anémomètre pour mesurer précisément la vitesse du vent : à partir la vitesse de rotation de l'hélice, l'anémomètre est capable d'en déduire la vitesse exacte du vent, qu'il affiche généralement en nœuds. Certains clubs de voile en possède un, généralement fixé à un endroit où le vent est peu perturbé par la terre : mais il en existe aussi des portatifs (voir photo ci-contre).
Cependant, l'anémomètre a un gros inconvénient : il mesure la vitesse du vent à un moment précis, et non pas sur une période (bien que quelques uns en soient capables). Or on sait très bien que le vent varie toujours beaucoup, même quand il est établi : c'est pourquoi, en voile, quand on parle de la vitesse du vent, on parle généralement d'une vitesse moyenne (souvent sur 10 minutes). La mesure avec un anémomètre doit donc se faire sur une longue durée, pour arriver à obtenir une mesure cohérente de la vitesse moyenne du vent.
On a vu que les appareils utilisés pour mesurer la vitesse du vent ne nous sont pas forcément très utiles, car ce qui nous intéresse vraiment, c'est sa vitesse moyenne. De plus, on ne dispose pas toujours d'un anémomètre (et même rarement). Comment faire alors pour évaluer la vitesse du vent ?
C'est là qu'intervient l'échelle de Beaufort. L'idée est simple : on ne peut pas mesurer directement la vitesse du vent, mais certains indices peuvent nous donner un ordre d'idée. C'est donc en observant les effets du vent sur la surface de la mer et à terre qu'on va pouvoir déterminer approximativement la vitesse du vent !
L'échelle de Beaufort n'est rien d'autre qu'une table de correspondance entre les différents observables et la vitesse du vent. Elle distingue 13 forces de vent (de 0 à 12), qui correspondent à des vitesses de vent différentes.
Force 00 à 1 nœudCalme
La mer est comme un miroir. Il faut faire beaucoup d'efforts pour avancer : faîtes gîter le bateau pour mettre les voiles du bon côté.
La fumée s'élève verticalement. Les drapeaux ne flottent pas.
Force 11 à 3 nœudsTrès légère brise
Quelques rides sur l'eau. Le bateau avance doucement : réduisez la surface de contact avec l'eau.
La direction du vent est révélée par la fumée.
Force 24 à 6 nœudsLégère brise
Des vaguelettes se forment. On atteint une vitesse régulière et raisonnable : naviguez à plat avec le plus de puissance possible.
Les drapeaux et les girouettes sont mis en mouvement. Les feuilles frémissent.
Force 37 à 10 nœudsPetite brise
De très petites vagues se forment, ainsi que quelques moutons épars. Bonne vitesse.
Les drapeaux flottent bien. Les feuilles et petites branches sont constamment agitées.
Force 411 à 16 nœudsJolie brise
Petites vagues, assez nombreux moutons. Le bateau gîte et part au planning. Les débutants devraient rentrer.
Le vent soulève la poussière et les feuilles de papier. Les petites branches s'agitent.
Force 517 à 21 nœudsBonne brise
Vagues modérées, nombreux moutons. Conditions idéales pour les équipages expérimentés (chavirages fréquents pour les autres).
Les arbustes commencent à se balancer. La cime des arbres ploie.
Force 622 à 27 nœudsVent frais
Des lames commencent à se former (écume). Seuls les équipages expérimentés sortent, en restant très surveillés.
Les grandes branches sont agitées, et les fils télégraphiques sifflent.
Force 728 à 33 nœudsGrand frais
La mer grossit et les vagues déferlent. Beaucoup d'embruns. On reste à terre (risque de casse).
Les arbres sont agités en entier. La marche contre le vent est difficile.
Force 834 à 40 nœudsCoup de vent
Lames de hauteur moyenne et plus allongées. Il n'est plus possible de sortir en dériveur. Il faut les attacher solidement à terre.
Le vent casse des branches. Il est très difficile de marcher contre le vent.
Force 941 à 47 nœudsFort coup de vent
Grosses lames. La navigation en dériveur n'est pas possible.
Le vent occasionne des légers dommages aux habitations (tuyaux de cheminées, tuiles...).
Force 10 à 12plus de 48 nœudsTempête à ouragan
Très grosses lames. La visibilité est mauvaise. La navigation en dériveur n'est pas possible.
Les arbres sont déracinés, d'importants dommages sont causés. Très rare dans les terres..
L'échelle de Beaufort est très utilisée en voile légère : généralement, à la place de donner la vitesse du vent en nœuds, on donne la force du vent (selon l'échelle de Beaufort). C'est pourquoi on parle souvent de force du vent, et très rarement de vitesse du vent.
À noter que l'échelle de Beaufort est utilisée dans les bulletins de météo marine de Météo-France. Par exemple, c'est à partir d'un vent de force 7 que sont émis les BMS (Bulletins Météorologiques Spéciaux).
Les correspondances données ci-dessus ne sont évidemment pas universelles : elles peuvent beaucoup varier d'un plan d'eau à l'autre (en particulier pour les plans d'eau intérieurs). C'est donc à vous de construire des repères spécifiques à votre zone de navigation habituelle : avec l'expérience, vous deviendrez bientôt capables de trouver la force du vent au premier coup d'œil...
| Degrès | Direction |
|---|---|
| 0° | N (nord) |
| 22,5° | NNE (nord-nord-est) |
| 45° | NE (nord-est) |
| 67,5° | ENE (est-nord-est) |
| 90° | E (est) |
| 112,5° | ESE (est-sud-est) |
| 135° | SE (sud-est) |
| 157,5° | SSE (sud-sud-est) |
| 180° | S (sud) |
| 202,5° | SSO (sud-sud-ouest) |
| 225° | SO (sud-ouest) |
| 247,5° | OSO (ouest-sud-ouest) |
| 270° | O (ouest) |
| 292,5° | ONO (ouest-nord-ouest) |
| 315° | NO (nord-ouest) |
| 337,5° | NNO (nord-nord-ouest) |
La première chose qu'il faut comprendre, c'est à quoi correspond la direction du vent : c'est la direction d'où il vient, et non pas vers où il souffle. Ainsi, un vent du nord est un vent qui arrive du nord et souffle en direction du sud, par exemple.
La direction du vent peut être exprimée de deux manières différentes : on peut utiliser les quatre points cardinaux (avec les points intermédiaires) ou bien parler en degrés (de 0 à 359°, avec le 0 correspondant au nord). Les points cardinaux sont généralement utilisés pour donner une direction globale, tandis que les directions exprimées en degrés sont évidemment beaucoup plus précises.
On utilise une girouette pour mesurer la direction du vent. Tout comme les anémomètres, certains clubs en disposent d'une qui indique avec précision la direction du vent. On peut aussi utiliser une girouette à main et un compas pour déterminer précisément la direction du vent. Encore une fois, la mesure doit se faire dans un endroit dégagé, non perturbé (l'idéal étant bien évidemment d'être au milieu de l'eau).
Cependant, on a rarement besoin de connaître la direction exacte du vent. Mais d'autres indices peuvent nous permettre de trouver une direction moyenne :
Cette direction peut se révéler assez importante :
Un vent de terre ne créer pas beaucoup de vagues mais éloigne de la côte et est plus irrégulier, tandis qu'un vent de mer rapproche de la côte et est plutôt régulier mais produit de grosses vagues.
Autre exemple (mais pas vrai de partout) :
Le vent du nord est plus froid, tandis que le vent du sud est plus chaud mais surtout beaucoup plus irrégulier.
Vous l'aurez compris, les caractéristiques du vent dépendent de sa direction mais aussi beaucoup de la zone de navigation. À vous de vous renseigner pour votre plan d'eau !
Il peut être aussi intéressant de connaître la direction du vent par rapport à son bateau, par exemple pour déterminer son allure de navigation. Pour cela, on peut utiliser une girouette fixée sur son bateau, soit en haut du mât, soit plus bas si cela est possible.
Voilà, vous êtes maintenant capables d'évaluer la force et la direction du vent !
Ce qu'il faut retenir, c'est que même s'il existe des instruments de mesure précis, il est toujours possible d'arriver à des approximations, pourvu qu'on ai les bons repères. C'est maintenant à vous de construire vos propres repères, qui seront nécessairement spécifiques à un plan d'eau. Pensez-y quand vous changerez de zone de navigation : les repères y seront différents et votre appréciation du vent pourrait être faussée...
